L’évolution de la psychiatrie repose notamment sur sa capacité à intégrer judicieusement les nouvelles connaissances scientifiques à la pratique clinique dans le but d’améliorer l’accompagnement des patients souffrant de troubles psychiatriques. L’objectif de cette revue est de repositionner la pratique clinique au sein de cette problématique à la lumière des récentes avancées scientifiques, en épigénétique plus particulièrement, qui s’intéresse aux modifications biochimiques apposées sur les gènes et régulant leur activité de façon durable.

Notre méthode descriptive montre comment l’actuelle évolution scientifique en épigénétique apporterait de nouvelles clés de lecture de la complexité du psychisme, notamment dans son aspect dynamique.

Les études épigénétiques démontrent le rôle crucial de l’environnement, notamment d’événements dits « stressants » apparaissant au cours de la vie d’un individu, dans la propension à développer un trouble psychiatrique, et ceci par une programmation épigénétique de gènes impliqués dans des systèmes neuropsychiques cruciaux comme les processus de réponse au stress, neurotransmission et survie neuronale. Les marques épigénétiques seraient potentiellement transmissibles à la génération suivante d’individus, principalement via une transmission intergénérationnelle comportementale. Elles seraient néanmoins réversibles et « rectifiables » par un environnement enrichi tel que l’intervention psychothérapeutique.

Si la recherche épigénétique en psychiatrie converge vers les principes fondamentaux de la psychopathologie, elle soulève néanmoins, à ce stade émergent, des limites inhérentes au processus de démonstration et d’interprétation scientifique.

Ces découvertes en épigénétiques vont dans le sens d’une approche personnalisée du soin où le modèle biopsychosocial prend pleinement sa place aux côtés du modèle pharmacologique.

The evolution of psychiatry relies notably on its ability to wisely incorporate new scientific knowledge into clinical practice. In this review, we aim to position the practice of psychiatry in the light of the recent scientific advances in the field of epigenetics, which studies the biochemical modifications affecting genes and durably regulating their activity. Remarkably, epigenetic modifications are sensitive to external influences, stable over time and reversible, making epigenetic study a promising approach to a better understanding and management of psychiatric disorders.

Our descriptive method reviews the main findings in epigenetic research in psychiatry and provides further insights into its relevance for a biopsychosocial approach to the complexity and dynamics of the psyche.

Epigenetic studies demonstrate the crucial role of the environment, and in particular of stressful events occurring in the life of an individual, in the likelihood of developing a psychiatric disorder. This results from an epigenetic “programming” of the genes implicated in crucial neuropsychological processes such as the response to stress, neurotransmission and neuronal survival. Epigenetic marks appear to be transmissible to the next generation, in particular via intergenerational behavioural transmission. They could however also be reversible or “rectified” by a favourable environment, such as that of a psychotherapeutic intervention.

Although epigenetic findings in the field of psychiatry are converging towards the fundamental principles of psychopathology, the field is still in its infancy and shows limitations inherent in the processes of scientific demonstration and interpretation.

Progress in epigenetics is pointing to a personalised approach to care in which the biopsychosocial model has its full importance alongside the pharmacological model.